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Retour sur vingt ans de guerre en Afghanistan

22/1/2024

La guerre en Afghanistan (2001 – 2021), le reflet d’une guerre irrégulière entre le mouvement islamique des talibans et les forces armées américaines 

Écrit par Rayane DIDI, chercheur associé au sein du laboratoire Proche et Moyen-Orient du CEDIRE. 

Cet article a pour objectif de fournir par une synthèse éclairée - mais néanmoins non exhaustive - une rétrospective des principaux actes de la guerre en Afghanistan (2001 – 2021), ce dans le but de pouvoir mieux en percevoir les enjeux.

La guerre d'Afghanistan, débutée en 2001, a opposé les États-Unis1, aux Talibans. Cette confrontation a entraîné une période de guérilla talibane, ayant entretenu un statu quo2 pendant 20 ans, jusqu'à la reprise du pays par les Talibans en août 2021 puis l'établissement de l'Émirat Islamique d'Afghanistan en septembre 2021.

Retour sur la genèse d’une guerre irrégulière

Historiquement, la guerre irrégulière a été un moyen pour les populations locales, les rebelles, les partisans, de mener des guerres pour leurs idéaux, pour des motifs qu’ils croient légitimes, pour des valeurs. Qu’elles relèvent du spirituel ou non. Ce qui sera appelé « guérilla » pour qualifier ces guerres irrégulières, nécessitera une dilution de la belligérance à l’ensemble de la population et de l’économie d’un pays. En effet, la guérilla va impliquer que les méthodes de guerre soient confondues dans la masse populaire, permettant ainsi des actions camouflées ; le civil n’étant plus différencié du combattant.

Cet état de fait aboutira à l’impossibilité pour un belligérant d’assurer non seulement sa propre sécurité de façon sûre, mais surtout de concentrer un effort de guerre totale sur les forces de l’adversaire. En somme, la guerre irrégulière est tout ce qui ne constitue pas une guerre régulière, la régularité renvoyant à ce qui constitue des armées étatiques. David Cumin explique notamment que dans le cas d’une guerre irrégulière, « il ne s’agit pas de vaincre sur un champ de bataille, ni d’étrangler économiquement, ni de menacer les villes, mais de subvertir des pouvoirs publics (locaux, nationaux, étrangers) pour les remplacer par l’autorité insurrectionnelle, qui deviendra l’autorité officielle3 ».

Ce fût notamment le cas pour les troupes afghanes du commandant Massoud contre les Talibans, mais aussi des Talibans contre les États-Unis et leurs alliés au fil du temps ; le soutien de la population revêtant alors une importance capitale. Le constat peut d’ailleurs être fait actuellement avec d'une part, les soutiens populaires Talibans originaires de Kandahar favorables au régime de la charia et d’autre part, avec les soutiens de Kaboul aux forces afghanes dites démocratiques, passés d’une guerre officielle à une guerre insurrectionnelle contre les Talibans, dans les vallées du Panjshir4

Afin de mieux percevoir cette genèse, il convient de revenir au palpable c’est à dire, à ce qui a fait l’histoire même de l'Afghanistan que nous connaissons aujourd'hui. 

Situation géographique de l’Afghanistan et faits d’armes contemporains

L’Afghanistan est un pays montagneux d’une superficie de 647 497 km2 et peuplé de 40 millions d’habitants5. Le pays est entouré de trois anciennes républiques soviétiques : le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan au nord-est, à l’est et au sud par le Pakistan, et à l’ouest par l’Iran6. Ce véritable carrefour de l’Asie centrale, territoire essentiellement désertique et montagneux, a été le théâtre de conflits armés durant près de 45 ans. 

La chronologie simplifiée des quatre dernières décennies en Afghanistan dévoile un régime socialiste établi en 1979 avec le soutien de l'intervention soviétique. Cependant, ce gouvernement, perçu comme une marionnette sous influence soviétique (fantoche), s'effondre trois ans après le retrait des troupes soviétiques en 1989, initié par Gorbatchev en 1986. De 1992 à 1996, l'Alliance du Nord subit des revers, ouvrant la voie à l'arrivée des Talibans au pouvoir en 1996, avec leur prise de contrôle d'une partie du pays, y compris la capitale afghane.

Les Talibans, mouvement islamique sunnite fondamentaliste, dirigent l'Afghanistan de 1996 à 2001. À la suite des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, les Talibans sont évincés du pouvoir9

Avec le retrait des troupes américaines d'Afghanistan en août 2021, ils reprennent le contrôle du pays, à l'exception du Panjshir, l'une des 34 provinces d’Afghanistan10. Ce revirement entraîne l'effondrement du gouvernement afghan en place, la fuite à l'étranger de plusieurs hauts responsables afghans - dont le président Ashraf Ghani - et l'exode de nombreux civils afghans hors du pays.

Dès lors qu’une démocratie s’enlise dans une guerre irrégulière sur un territoire qui n’est pas le sien, comment peut-elle en sortir ? Le bilan que nous pouvons tirer de cette guerre, est-il le bilan d’une victoire Talibane et d’une défaite Américaine ? 

I. Les prémices d’un cauchemar : l’opération “liberté immuable” 
     A. À la croisée des chemins : Les attentats commis par Al-Qaïda 

Al-Qaïda est une organisation aux multiples visages, qui aura façonné le paysage terroriste de l’ère moderne. Cette organisation est née en Afghanistan en août 1988 lors de la lutte contre les soviétiques. Elle est fondée par Abdullah Yusuf Azzam, professeur fondamentaliste palestinien, et son élève saoudien Oussama Ben Laden. Tous deux ont le même objectif, à savoir la défense de l’Islam11. Très vite après la mort de Azzam, Ben Laden reprend les rênes de l'organisation. S'ensuivit une décennie de culte de la haine à l'encontre des États-Unis, la création d’une base territoriale pour servir de camp d'entraînement aux membres du groupe terroriste, des alliances nouées, et un réseau devenu international. Al-Qaïda connaît son apogée entre 1998 et 2001. Le 9 septembre 2001 survient l’assassinat du commandant Massoud sonnant alors le glas pour les Afghans… puis pour les Américains. Une série d’attentats suicide d’une particulière violence frappent l’État américain. Seront notamment retenus dans les mémoires l’attentat des deux tours du World Trade Center du 11 septembre 2001 faisant plus de 3000 victimes, ainsi que celui contre le Pentagone. Le réseau terroriste Al-Qaïda et Ben Laden sont désignés comme étant responsables de ces attentats et la Maison Blanche annonce que l’Afghanistan s’exposera à des représailles militaires si les Talibans refusent de leur accorder l’extradition du chef de l’organisation terroriste. Le Mollah Omar, alors chef du régime Taliban refusera, ce qui aboutira à une intervention militaire des États-Unis et de leurs alliés sur le territoire Afghan dans les jours qui suivront. 

     B. L’intervention des États-Unis et de la communauté internationale en Afghanistan 

Dès le 14 septembre 2001, le Congrès américain va autoriser le rappel de 50 000 militaires réservistes, ainsi que le recours à la force armée. L'opération “Enduring freedom” dite “liberté immuable” est donc enclenchée. Cette opération implique les troupes du défunt commandant Massoud, avec le soutien américain, ainsi qu’un appui aérien parmi lesquels figureront britanniques et français. La volonté du Mollah Omar de ne pas remettre Ben Laden vaut l'acceptation tacite de ses convictions, aussi fût-il considéré en tant qu’ennemi des États-Unis. 

Le régime Taliban met peu de temps à s’effondrer, bien que les principaux concernés aient réussi à fuir12. C’est une première victoire sectorielle pour les populations locales13 et les soutiens du défunt commandant Massoud, qui s’empresseront de mettre en place un gouvernement transitoire à Kaboul. En effet, une conférence inter-afghane s’ouvrira le 27 novembre 2001 à Bonn en Allemagne14. Elle réunira les différentes parties de l'opposition aux Talibans, avec l’appui de l'ONU, puis formera un gouvernement intérimaire avec à sa tête le Pachtoun Hamid Karzaï. Elle constituera également une force internationale sous mandat de l'ONU15, et son commandement sera confié à l’OTAN16

L'intervention américaine, de prime abord légitime, deviendra de plus en plus un stationnement indésirable pour la population locale, sceptique à l’idée d’une présence américaine constante. Leur échec à capturer leurs ennemis et l’intervention en Irak en 2003 pour mettre à bas le régime de Saddam Hussein puis ses conséquences, auront raison de la défiance américaine en Afghanistan. Mis en difficulté en Irak, ils se verront obligés de relâcher leur pression sur l'Afghanistan, ce qui permettra aux Talibans soutenus par quelques tiers, dont le Pakistan, de s'organiser de plus en plus en guérilleros qu’ils étaient déjà peu ou prou. Ce manque aboutira à une guerre irrégulière de près de vingt années, l’armée américaine n’arrivant pas à venir à bout des Talibans. La différence de moyens étant conséquente, mais insuffisante, les Talibans étant bons connaisseurs du terrain. La direction prise est alors la direction d’un échec de la contre-guérilla anti-talibane. 

II. Les survivants : vers un échec de la contre-guérilla anti talibane 
     A. La mort de Ben Laden : les enjeux de la présence américaine en Afghanistan 

Le 2 mai 2011 est un jour historique pour les Américains. Le chef de l’organisation terroriste Al-Qaïda Oussama Ben Laden est abattu par un groupe d'intervention spéciale et sur ordre du président Obama. Il meurt d'une balle dans la tête, dans sa résidence d'Abbottabad au Pakistan. Bien que sa mort soit finalement survenue, les enjeux de la présence américaine avaient déjà quelque peu changés. Eux qui étaient là pour “venger” les attentats du 11 septembre 2001, se retrouvaient finalement mêlés à des paramètres qu'ils avaient pris en compte jusque-là, et qui avaient pu servir leurs desseins, à savoir la traque des Talibans et de leurs dirigeants.  L’insécurité étant toujours de mise, et l’instabilité territoriale toujours présente, les Américains resteront donc accompagnés de leurs alliés occidentaux, puis seuls, afin d’assurer la formation des troupes afghanes et tenter d’assurer des opérations antiterroristes. Le retrait partiel des troupes d’Afghanistan sera entaché au cours de la décennie suivante par des jeux de pouvoirs. Les changements de mandat américains et afghans, ainsi que l’apparition du groupe État Islamique au cours de l’année 2014 contribueront au final à ne pas pouvoir appliquer des mesures lucides et viables. 

Parallèlement, une usure politique et économique de l’Afghanistan s’installe et un renforcement des Talibans s’effectue lentement mais sûrement, avec le temps. Ce renforcement et ces jeux de pouvoir amèneront à un retrait des troupes américaines d’Afghanistan. Cette décision de retrait peut être considérée comme un échec stratégique à bien des égards de leur part.


     B. Un échec stratégique évident : le retrait des troupes américaines d’Afghanistan 

Un échec stratégique” ; ce sont les mots prononcés par le général d'État-Major américain Mark Milley devant le Congrès américain qui s’est tenu le 29 septembre 2021, au sujet du retrait des troupes américaines d’Afghanistan. "Il est clair et évident pour nous tous que la guerre en Afghanistan ne s’est pas terminée dans les termes que nous voulions, avec les Talibans au pouvoir à Kaboul"17, a-t-il expliqué lors de son audition.  

La guerre n’a cependant pas été perdue contre les Talibans. En effet, pour qu’une guerre soit perdue, il faut un vaincu et un vainqueur. Les talibans au terme d’une guérilla de vingt années sont arrivés à leurs fins et contrôlent l’Afghanistan depuis septembre 2021. Cependant, l'on peut en dire de même pour les États-Unis, puisque leurs objectifs stratégiques in fine étaient de protéger l’Amérique contre la menace que représentait Al-Qaïda aux fins de mettre à bas l’internationalisation de cette organisation18

Concernant le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, elles furent enclenchées sous l’administration Trump lors des accords pour la paix en Afghanistan dits “Accords de Doha”, le 29 février 2020, au Qatar19. L’accord prévoyait un retrait accru des États-Unis avant le 1er mai. Cela ne s’est pas fait pour des raisons politiques. L'administration Biden succédant à l’administration Trump semble s’être contentée de reculer le délai de retrait des troupes au 30 août 2021, méconnaissant ainsi les mises en garde émises par le Pentagone sur la viabilité d’un État Afghan à tenir, sans un soutien minimal d’un contingent de 3000 troupes américaines sur place. Une crise semble naître entre l'administration Biden, qui tient pour responsable l'administration qui l'a précédée, et la corruption de l’armée afghane ayant abouti à la prise éclair du pays par les Talibans. En effet, le Pentagone soutenait qu’un tel effondrement de l’armée afghane était prévisible. 

Finalement, si nous tentons de prendre de la hauteur, l'opération américaine initiale, qui n’était qu’une opération de représailles, lancée quelques jours à peine après les attentats du 11 Septembre, s’est transformée en une tentative démesurée de reconstruction de l’Afghanistan, ce pour tenter d’empêcher le retour des Talibans à la tête du pays, ce qui a néanmoins fini par se produire au terme d’offensives éclairs. 

III. Conclusion 

En conclusion, il est possible d’affirmer que la stratégie des États Unis pour mener à bien la contre-guérilla anti-talibane est un échec puisqu’elle a conduit au pouvoir les Talibans et mené à la déroute l’armée Afghane. Or, si l’on se base sur les rendus du Pentagone, des solutions autre que politique semblaient envisageables. De nouveaux pourparlers faisant directement suite aux Accords de Doha ont eu lieu entre les délégations américaines et Talibanes au Qatar. Le monde ne peut qu’être spectateur d’une situation de chaos et de fragilité qui ne laissera pas l’Afghanistan se relever de sitôt, et enfin sortir de conflits d’ordre politique ou militaire incessants. 

Bien que partis du principe que cette entrevue n’est pas synonyme de reconnaissance du gouvernement Taliban par les États-Unis et qu’à ce jour ce n’est toujours pas le cas, il conviendra néanmoins de se demander dans les années à venir si un régime tel que celui appliqué par les Talibans finira par être reconnu sur la scène internationale dès lors qu’il ne fait pas l’unanimité au plan régional.

 

Analyse critique de la plainte déposée par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ)

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© Dursun Aydemir / Anadolu AFP

Écrit par Océane DE BIE, chercheuse au sein du laboratoire Proche et Moyen-Orient du CEDIRE. 

À travers cet écrit, nous souhaitons examiner les implications de la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël au sein d’un système et d’une justice internationale en crise.

Les “cent derniers jours ont vu le déplacement de la population palestinienne le plus important depuis 194820”, une réalité soulignée par le Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient21, M. Philippe Lazzarini.  

Décortiquons à présent la situation dans la bande de Gaza. Au 17 janvier 2024, près de 24 000 Palestiniens ont été tués dans les bombardements israéliens, dont 70% sont des femmes et des enfants. Un nombre alarmant de 1,9 millions d’entre eux ont été contraints de fuir leur foyer. Près de 100 employés de l’UNRWA ont également perdu la vie depuis le 7 octobre 2023.  Ainsi les offensives lancées contre la bande de Gaza, couplées aux violences de l’armée israélienne, traduisent une situation désespérée et un échec prédominant du système international.  

Face à un contexte international fragilisé, l’Afrique du Sud, ne pouvant tolérer davantage d’atteinte au droit de la guerre, a déposé une plainte devant la Cour internationale de justice22, invoquant ses droits et obligations en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide23. Les exigences des plaignants sont claires : la Cour doit enjoindre Israël à mettre fin aux actes de violences, de cesser de causer des atteintes graves, tant mentales que physiques, à la population palestinienne à Gaza. Elle vise également à faire cesser toute imposition délibérée de conditions de vie ayant pour dessein la destruction physique du peuple palestinien en tant que groupe, tout en demandant d'assurer l'accès inconditionnel à l'aide humanitaire. 

Bien que la Cour ait mis en place des mesures conservatoires24, elle ne possède pas les moyens coercitifs nécessaires pour faire appliquer ses décisions. Par conséquent, en cas de refus de coopération de la part du pays agresseur, la seule méthode pour le contraindre à respecter la décision de la Cour consiste à obtenir l'adoption d'une résolution par le Conseil de sécurité de l'ONU. C'est sur ce point que l'efficacité de la Cour suscite des interrogations majeures. En effet, la Cour s’est révélée incapable de traiter les crises les plus violentes de ces dernières années, qu’il s’agisse de la Syrie, du Yémen ou de la Palestine pour n’évoquer que les pays de la région. Ces défis sont accentués par des blocages politiques fréquents au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies25. Pour faire face à cela, l’Assemblée générale des Nations Unies26 a mis en place un mécanisme international, impartial et indépendant. Ce mécanisme a pour mission de faciliter les enquêtes et d’apporter son soutien aux procédures judiciaires relatives aux crimes commis de part et d’autre. Ainsi face à la fermeté des déclarations du Ministre israélien des Affaires étrangères, qui a rejeté “avec dégoût la diffamation” que l’Afrique du Sud porte devant la Cour, il est légitime de se demander si, au regard des précédent échecs de la Cour, il ne serait pas opportun, dans l’intérêt du peuple palestinien, que celle-ci collabore avec des organisations tierces, telle que le mécanisme international, impartial et indépendant mis en place par l’Assemblé général des Nation unies. 

L'élection du Maroc à la présidence du Conseil des droits de l'homme 

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Écrit par Océane DE BIE, chercheuse au sein du laboratoire Proche et Moyen-Orient du CEDIRE. 

Notre but est de relater la récente élection du Maroc à la présidence tournante du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, tout en mettant en lumière les critiques formulées à l'égard de cette désignation.

Le 10 janvier dernier à Genève, le Maroc a été élu à la présidence tournante du Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies27, devançant l'Afrique du Sud pour l'année 2024. Cette élection a été marquée par une majorité de 30 voix en faveur du Maroc, tandis que l'Afrique du Sud a recueilli 17 voix28.

Le candidat marocain, l'ambassadeur permanent du Royaume du Maroc auprès des Nations Unies à Genève, Omar Zniber, est reconnu pour son dynamisme au sein de cette instance. Selon le ministère des affaires étrangères du Maroc, cette élection représente un événement historique, témoignant “de la reconnaissance internationale envers la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en matière de protection et de promotion des droits de l'homme 29”. 

Cependant, ladite candidature a été fortement critiquée, et ce par plusieurs groupes de défense des droits de l'homme, notamment parmi les militants du Sahara occidental, territoire revendiqué et/ou occupé par le Maroc depuis 1975. 

Les Sahraouis, soutenant leur droit à l'autodétermination30, ont fait l'objet de sévères mesures de répression de la part des autorités marocaines31. Le Comité contre la torture de l’ONU a par ailleurs déjà condamné le Royaume en ce sens dans l’affaire Naama Asfar32. Le rapport annuel du Secrétaire général de l’ONU le cite dans son paragraphe 79, en déclarant qu’ “une défenseuse sahraouie des droits humains connue, [qui] aurait fait l’objet de représailles en raison de ses échanges avec des mécanismes des Nations Unies relatifs aux droits humains33”. 

Ainsi, cette nomination confronte le Maroc au défi de concilier ses responsabilités institutionnelles avec les préoccupations soulevées par la communauté régionale et internationale. Cette situation souligne également l’importance cruciale de maintenir un dialogue constructif et transparent au sein du Conseil pour atteindre des avancées significatives dans la promotion et la protection universelle des droits de l’homme.  

Sources : 

1 Avec le soutien de l'Alliance du Nord et d'autres pays occidentaux.

2 Le statut quo désigne l’état où les choses étaient auparavant, l’état actuel des choses.

3 David CUMIN, Stratégie militaires contemporaines, Paris, Ellipses, 2020

4 Lutte perpétuée par Ahmad Massoud, le fils du défunt commandant Massoud et leader du Front national de résistance afghane (FNR).

5 Données datées de 2021 et issues de la Banque Mondiale.

6 Sophie CHAUTARD, Les conflits au Proche et au Moyen-Orient, Studyrama, p.141 

7 De 1978 à 1992.

8 Groupe armé composé de mouvements et partis politiques luttant contre les Talibans et leur régime politique dirigé principalement par le commandant Massoud.

9 Notamment pour leur complicité avec Al-Qaïda.

10 Les Talibans clament contrôler cette zone bien qu'il semblerait néanmoins qu’elle demeure un foyer de résistance important. D’après une note d’Amnesty Internationale datée de juin 2023, “des civils sont victimes de torture et d’homicides illégaux ; des détenus sont soumis à des exécutions extrajudiciaires”.

11 Pascal-Pierre RAMBEAUD, Le Moyen-Orient : une région sous tensions, Ellipses, p.98.

12 Le Mollah Omar ainsi que Ben Laden.

13 Celles profondément contre les Talibans.

14 UNRIC, Accord sur les arrangements provisoires en Afghanistan en attendant le rétablissement des institutions gouvernementales permanentes, le 27 novembre 2001.

15 ONU, Accord définissant les arrangements provisoires applicables en Afghanistan en attendant le rétablissement d'institutions étatiques permanentes, S/2001/1154, le 5 décembre 2001.

16 Ceci sera sa première mission en dehors de l’Atlantique Nord.

17 Déclaration sous serment du général d'État-Major américain Mark Milley devant le Congrès américain, le 29 septembre 2021.

18 Avec les morts de leurs leaders principaux, Oussama ben Laden et de son successeur direct Ayman al-Zawahiri, nous pouvons considérer que ce fût chose faite

19 US Department of States, Agreement for Bringing Peace to Afghanistan between the Islamic Emirate of Afghanistan which is not recognized by the United States as a state and is known as the Taliban and the United States of America, le 29 février 2020.

20 Nations Unies, Couverture des réunions et communiqués de presse, Point de presse quotidien du Bureau du Porte-Parole du Secrétaire général de l’ONU : 15 janvier 2024, DBF210115. 

21 UNRWA

22 Nations Unies, ONU Info, La CIJ examine la plainte sud-africaine contre Israël pour « génocide » à Gaza, Droit et prévention du crime, le 10 janvier 2024.

23 Nations Unies, Bureau de la prévention du génocide et de responsabilité de protéger, Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, le 9 décembre 1948. 

24 Mesures conservatoires : 

25 CSNU.

26 AGNU.

27 ONU.

28 Nations unies, ONU Info, Le Maroc élu à la présidence du Conseil des droits de l’homme pour 2024, le 10 janvier 2024.

29 Maroc Actualité, Élection historique du Maroc à la Présidence du Conseil des Droits de l'Homme de l’ONU pour l’année 2024, le 10 janvier 2024

30 Le principe de l’autodétermination du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est un principe fondamental du droit international qui reconnaît à un peuple le pouvoir de déterminer son statut politique, son système économique, social et culturel, sans ingérence extérieure. Ce droit a été consacré dans la Charte des Nations Unies et d'autres instruments internationaux.

31Amnesty International, Sahara occidental. Des personnes détenues de longue date attendent toujours que justice leur soit rendue, le 8 novembre 2022.

32 Nations unies, Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants Version provisoire non-éditée, CAT/C/59/D/606/2014, le 12 décembre 2016.

33 Nations unies, Conseil de sécurité, Rapport du Secrétaire général, La situation concernant le Sahara occidental, S/2022/733, paragraphe 79, p14, le 3 octobre 2022.

Retour sur vingt ans de guerre en Afghanistan

Après 20 ans de guerre en Afghanistan, que peut-on dire de la place des États-Unis dans ce conflit ? Aussi, faisons le point sur la plainte déposée par l'Afrique du Sud devant la CIJ puis, sur la récente élection du Maroc à la présidence du Conseil des droits de l'homme.
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